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Journée mondiale de lutte contre la désertification

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A l'occasion de la Journée mondiale sur la lutte contre la désertification célébrée chaque année le 17 juin, les co-organisateurs du sommet international Désertif'actions 2017 ouvrent les discussions et questionnent la société sur les actions communes à mettre en place.

Les phénomènes de dégradation des terres, et des écosystèmes qu’ils structurent, sont regroupés sous le terme générique, et souvent mal interprété, de « désertification »: loin des imageries exotiques des déserts de sable, il s’agit plus d’un processus progressif qui affecte tous les continents, tous les milieux et qui s’étendrait sur plus de 40 % de la surface émergée, l’Asie en tête, suivie de près par l’Afrique.

Le diagnostic est connu : pratiques agricoles polluantes, artificialisation des sols, accaparement des surfaces par des infrastructures de transports, déversement continu de produits toxiques et de déchets peu dégradables… Ces impacts négatifs se cumulent désormais – dans une spirale cyclique négative – avec les avatars du changement climatique : sécheresses, inondations, érosions, glissements de terrain.

Terres dégradées = vies dégradées

Dans ce contexte, les zones arides de la planète (34 % de la surface terrestre) sont tout particulièrement touchées. Elles sont le lieu de vie de près de 2 milliards de personnesdont une grande majorité de pauvres ayant l’agriculture comme seule ressource pour assurer leur sécurité alimentaire. Dans ces territoires, 500 millions de petits exploitants affrontent chaque jour les défis de la survie et 800 millions d’habitants souffrent de la faim. Leur avenir est déjà critique, vulnérabilisé par le déclin spectaculaire de la fertilité et remis en question par l’effondrement de la production alimentaire, deux malheurs générateurs de conflits.

C’est donc l’ensemble du développement de l’ordre du quart de la population mondiale qui est largement compromis. N’oublions pas une leçon fondamentale de l’Histoire humaine, laquelle peut se résumer ainsi : « terres dégradées = vies dégradées ». Une référence à ces existences abîmées, terreau de désespoirs mobilisateurs, propices aux migrations forcées et qui provoquent non seulement des instabilités locales, mais aussi des ondes de choc géopolitiques.
Si nous ne modifions pas la façon dont nous gérons notre Terre au cours des 30 prochaines années, nous laisserons naître au moins un milliard de personnes vulnérables avec pour seule – et terrifiante – alternative : se battre ou fuir.

L’urgence est donc d’agir. Sans délai.

Agir, c’est mener une action déterminée pour atteindre d’ici 2030 la cible 15.3 des Objectifs de développement durables de l’ONU pour la neutralité en matière de dégradation des terres (à trois niveaux : éviter la dégradation, la réduire et en même temps réhabiliter les terres).

Agir, c’est engager une véritable transition agricole basée sur un mix intelligent de toutes les techniques et pratiques agricoles écologiquement intensives, que nous nommons « agro-écologie ».

Agir, c’est mettre le sujet de la dégradation des terres systématiquement à l’agenda des négociations internationales sur le climat car les sols sont le second réservoir de carbone après les océans et a priori l’un des seuls espoirs de stockage potentiel des gaz à effet de serre en excédent.

Agir c’est aussi faciliter les initiatives multi-acteurs : aux côtés des Etats, qui ne remplissent parfois que très imparfaitement leur rôle, les collectivités territoriales et les acteurs de la société civile ont prouvé leur efficacité et doivent recevoir les moyens nécessaires pour mener des actions au plus près des populations. Les gouvernements locaux constituent ainsi l’échelon de gouvernance le plus pertinent, interface à égale distance entre l’Etat et les citoyens.
Agir c’est aussi donner du souffle aux initiatives internationales telles que le « triple A » (Afrique Adaptation, Agriculture ), le « 4 pour 1000 » , le triple S ( stabilité, sécurité soutenabilité ) ou bien l’Initiative oasis durable (IOD ) lancées lors de la COP22 à Marrakech.

Du 6 au 16 septembre 2017, à Ordos (Chine), la Convention sur la désertification de l’ONU tiendra sa 13ème Conférence des Parties (COP13), laquelle aura le redoutable défi, dans un pays qui adopte désormais une posture volontariste en matière d’environnement, de prendre des engagements pour l’action vers un monde neutre en dégradation des terres.

En prélude de cette réunion, les associations CARI et Climate Chance, avec la Ville de Strasbourg et l’appui de la Convention des Nations unies de lutte contre la désertification (CNULCD), organisent les 27 et 28 juin prochains à Strasbourg, au cœur de l’Europe, un Sommet international des acteurs non-étatiques « Désertif’Actions 2017 » qui délivrera dans sa déclaration finale un message fort pour les engagements indispensables à mettre en place en matière de convergence des enjeux climat et dégradation des terres.

 Pour nos enfants et les générations qui suivront, tenir les engagements internationaux qui visent à la préservation de notre planète – et même aller avec lucidité au-delà – est une responsabilité collective cruciale.

A Strasbourg, il nous revient de relayer et de faire peser la voix des villes, des territoires et de la société civile alliés à la communauté scientifique, des citoyens en somme, pour faire de la prochaine COP13 un rendez-vous avec l’Histoire.

 

Cet article a été co-signé par:

  • Monique Barbut, Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification,
  • Roland Ries, Maire de Strasbourg et co-Président de CGLU,
  • Ronan Dantec, Sénateur de Loire-Atlantique, Président de l’association Climate Chance,
  • et Patrice Burger, Président de l’association CARI.

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