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Le devenir des agriculteurs des plateaux Batékés face aux pressions sur les ressources en terres

En tant qu'acteurs dans la lutte contre la dégradation des terres, le GTD et le ReSaD relaient les expériences de terrain d'autres acteurs impliqués.
Au Congo, l'Association pour l'environnement et le développement durable (APEDD) et le point focal UNCCD, ont réalisé une étude de terrain sur le devenir des agriculteurs des plateaux Batékés, face aux pressions sur les ressources en terres.

Les plateaux Batékés du Congo couvrent une superficie de plus de 38 000 km2 avec une densité moyenne de 4,5 habitants/km2. Ils se subdivisent en quatre grands ensembles, à savoir le plateau Koukouya, le plateau Djambala, de Ngo-Nsa et le plateau de Mbé es plateaux Batékés font partie des plateaux vivriers du Congo dont les terres s’épuisent et se dégradent de façon accélérée.

Sur ces plateaux, l’agriculture de subsistance reste la pratique dominante. Elle occupe environ plus de 16 000 ha de superficie cultivée. Le nombre d’exploitations familiales est estimé à plus de 95 000 pour une population de 174 600 habitants envrion (RGPH, 2007) dont 70% sont des agriculteurs. Les cultures vivrières (manioc, ananas, igname, pomme de terre) occupent 75% des terres à usage agricole. Ces cultures sont pratiquées par la population pour alimenter la ville de Brazzaville.

Après les années 1960, la population des plateaux Batékés est tournée vers les pratiques de l’agriculture sur brûlis et de feux de végétation, même si des mutations importantes sont aujourd’hui perceptibles. Ces pratiques culturales sont à l’origine de vastes superficies détruites entraînant ainsi la réduction du couvert végétal. Actuellement, les plateaux Batékés font partie des régions les plus dégradées du Congo du fait des pratiques traditionnelles de gestion des terres incapables d’assurer la sécurité alimentaire de la population.

Sur ces plateaux, les processus actuels de dégradation des terres sont aussi aggravés par le changement et la variabilité climatique et l'accroissement de la population, avec une proportion croissante de la jeunesse qui s’intéresse de plus en plus aux activités agricoles. La moitié de la superficie cultivable est en train d’être menacée par le phénomène de dégradation des terres touchant ainsi les moyens de subsistance de la population. L’accroissement de la population a grandement favorisé le récent développement des activités agricoles. Il a entraîné une pression croissante sur les ressources en terres. 

Cette pression accentuée, principalement liée aux activités agricoles, a engendré des conséquences environnementales néfastes telles que la baisse de la fertilité du sol, la perte de biomasse et de biodiversité et l’apparition corrélative du phénomène de dégradation des terres. Sur ces plateaux, ce phénomène est dû aux systèmes de cultures extensifs basés sur la culture itinérante sur brûlis et la surexploitation du couvert végétal (déboisement accéléré pour la consommation). Les terres se dégradent aussi à cause de la pratique de la culture sur déchaumage. En générale, ces terres sont devenues stériles, incultes et incapables de soutenir les moyens de subsistance locaux. Au fur et à mesure que cette dégradation devient davantage complexe et sévère, les mesures de réhabilitation des terres dégradées par les mauvaises pratiques agricoles deviendront également plus complexes et coûteuses. En s'attaquant, dès maintenant, à ce phénomène, il serait possible d’arriver à la neutralité en matière de dégradation des terres (NDT) sur les plateaux Batékés à l’horizon 2030. Cependant, sur ces plateaux, on remarque que le rythme de dégradation des terres est devenu un problème de plus en plus préoccupant. En dépit de l’importance de celle-ci, les données sur l’ampleur et le taux de progression de la dégradation des terres sur ces plateaux sont éparses.

Du diagnostic fait de la dégradation des terres sur les plateaux Batékés, il ressort que les problèmes résident dans la disparition du couvert forestier, les pratiques culturales inadéquates et l’utilisation de pratiques de gestion des terres non durables (déboisement, feux de brousse). Cependant, sur les plateaux Batékés, le rythme de dégradation des terres apparaît plus accéléré qu’il ne l’a été sur le plateau des Cataractes, car depuis les années 2000, on note une diminution significative de la fertilité des sols, la disparition quasi-systématique des espaces forestiers et la réduction de la durée de la jachère. Devant cet état, la population cherche des nouvelles terres.

Consciente de l’intérêt qu’il y aurait à préserver leurs ressources en terres pour réduire la pauvreté, la population des plateaux Batékés devra s’impliquer dans la voie de la mise en œuvre des stratégies appropriées de lutte contre la dégradation des terres. Cette étude a permis de cerner les principaux enjeux et défis sur la dégradation des terres. Elle est également l’occasion de relever le rôle joué par différents acteurs sur l’occupation des terres. C’est dans cette optique que s’inscrit ce travail en vue de freiner et d’atténuer les effets négatifs de la dégradation des terres.

Devant la situation du phénomène de dégradation des terres et de ses répercussions tant socioéconomiques qu’environnementales, la population des plateaux Batékés devra initier des mesures susceptibles d’infléchir la tendance de ce phénomène et d’en atténuer l’ampleur notamment par les actions de lutte contre la dégradation des terres.

Rapport rédigé par Benoît Moundaga de l'APEDD et Pierre Batoungadio du point focal national UNCCD au Congo.

Pour avoir plus d'informations : apedd_congo@yahoo.fr / moundagab@gmail.com

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