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COP 13 : La planification territoriale comme levier pour combattre la désertification

A l'occasion de la 13ème Conférence des Parties de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, le CARI et l’ONG Danaya (membres du Groupe de Travail Désertification) ont proposé un side-event le 8 septembre, pour permettre à différents acteurs (scientifiques, organisations de la société civile, partenaires techniques et financiers) de discuter de la pertinence de la planification territoriale pour gérer durablement les terres et lutter contre la désertification.

Le niveau local est reconnu comme étant le plus pertinent pour conduire des actions de développement, en particulier en ce qui concerne l’environnement. Des outils et méthodes permettent d’intégrer les objectifs du développement durable, les préoccupations environnementales et de gestion durable des terres dans les stratégies et plan d’actions nationaux, en découlant des orientations internationales. L’enjeu, pour une mise en œuvre effective de projets dans les territoires, est d’intégrer ces objectifs et préoccupations dans les plans d’actions locaux, puis de réaliser ces plans d’actions.

La planification locale est-elle un indicateur de durabilité environnementale ? Cette question, posée par Mme Mélanie Requier (CIHEAM-IAMM, CSFD), a introduit le side-event. Pour y répondre, elle s’est appuyée sur une étude conduite au Maroc, au Liban et en Algérie. L’analyse des plans d’actions communaux dans les trois pays met en lumière que, même si les questions environnementales sont prises en compte dans la planification des territoires et la mise en œuvre de projet, la priorité reste donnée aux problématiques sociales et économiques. Des recommandations sont ressorties de l’étude sur la nécessité de planifier le développement en s’appuyant sur des diagnostics incluant les dimensions sociales, économiques et environnementales ; et en définissant les priorités à partir des besoins de tous les acteurs du territoire.

M. Bernard Terris, représentant l’ONG Danaya, active au Mali, a ensuite fait part des constats et préoccupation de la société civile. La mise en œuvre de projets ne contribue pas toujours à un développement durable des territoires. En effet, il y a un manque de synergie et de coordination entre les acteurs, les projets sont dispersés et ne sont pas en lien avec une vision globale à l’échelle des territoires. Par ailleurs, les initiatives portées par la société civile sont souvent dépendantes des priorités des bailleurs de fonds et ne correspondent pas toujours aux besoins exprimés localement.

Comment alors, améliorer la planification de la gestion et l’utilisation des terres, pour une meilleure efficacité des interventions de gestion durable des terres et de lutte contre la désertification ? Se pose la question du rôle des collectivités locales, qui sont en principe gestionnaires des territoires.

Au Sénégal, les Agences Régionales de Développement sont les bras techniques des collectivités locales et se positionnent comme cadres fédérateurs des interventions sur les territoires. Dans le cadre de la décentralisation, elles fournissent un appui précieux aux collectivités locales (communes et régions) pour planifier le développement, en y intégrant les questions d’environnement et de gestion des terres. Elles accompagnent également les collectivités dans la réalisation de leurs plans d’actions, en recherchant une harmonisation entre les actions entreprises au niveau régional et au niveau des communes. Madame Fama Touré de l’ARD de Louga a présenté des outils et méthodes concrètes permettant aux collectivités de planifier et réaliser le développement de leurs territoires. L’utilisation d’applications sur Smartphones pour collecter et traiter des données recueillies sur le terrain s’avère une méthode innovante et efficace pour l’élaboration de diagnostic des territoires nécessaires à l’élaboration de planification. Le budget participatif permet aux communes de réaliser des actions de développement émanant des besoins exprimés par les populations. Enfin Madame Touré a insisté sur la nécessité de renforcer les compétences des autorités communales pour qu’elles prennent en charge le développement de leurs territoires. Le module de form’action proposé dans le cadre du projet FLEUVE lui paraît être une méthode adaptée pour accompagner des autorités locales dans la mise en œuvre de projets de gestion durable des terres, inscrits dans leur planification, et intégrant les besoins de populations.

Madame Bora Masumbuko, de l’Union Internationale de Conservation de la Nature a conclu les interventions du panel, en insistant sur la nécessité de conduire le développement d’un territoire en intégrant l’ensemble des parties prenantes. Les risques climatiques, tels que sécheresses ou inondations, menacent fortement la disponibilité des ressources naturelles. Dans les zones rurales, la baisse de la biodiversité, des ressources en pâturage, et la diminution des rendements des cultures ont des conséquences sur les revenus des ménages et leur sécurité alimentaire. Face à ces risques, il est nécessaire de planifier et d’organiser une gestion durable des ressources naturelles en tenant compte des besoins de l’intégralité des acteurs du territoire. Au Niger, l’UICN a accompagné les collectivités dans la mise en place de conventions locales. Elles permettent aux autorités locales et aux différents groupes représentant les populations de dialoguer pour établir des droits et règles d’utilisation des ressources naturelles.

Ces expériences et points de vue partagés ont permis de faire ressortir des méthodes et outils pour une planification locale de la gestion des ressources naturelles et des terres. Néanmoins, comme l’ont souligné les participants au side-event, si les collectivités locales sont accompagnées par une diversité d’acteurs techniques, institutionnels ou de la société civile, elles ne disposent pas des ressources financières pour réaliser les actions sur le terrain. En attendant que leur transfert des États vers les collectivités soit effectif, des opportunités sont à explorer : la coopération décentralisée permettant de monter un partenariat durable avec une collectivité du Nord, l’intercommunalité dans laquelle deux communes limitrophes partagent leurs responsabilités et ressources, ou encore la génération de revenu par et pour la communauté à travers des structures de gouvernance locales telles que les unités pastorales ou des activités comme l'écotourisme.

Le rapport de ce side-event est maintenant disponible dans le centre de ressources du ReSaD.

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